CAMIONS, TRACTEURS ET AUTOBUS LATIL, marchant au charbon de bois et à l'anthracite.
EXEMPLE D'EXPLOITATION AVEC UN CAMION LATIL A CHARBON.
Un de nos clients, marchand
de charbon, utilise depuis plusieurs mois un camion à charbon LATIL,
et il nous donne les résultats suivants :
"J'avais autrefois un camion à essence, avec lequel je transportais,
en moyenne, par jour, 4 tonnes sur 200 kilomètres.
"J'ai maintenant un LATIL à charbon qui fait le même
travail, c'est à dire 5.000 kilomètres par mois. Ma vitesse
moyenne est supérieure à celle du camion à essence.
"L'ancien camion à essence consommait 28 litres qui coûtent actuellement
2 fr. 30 le litre, et aux 100 kilomètres me coûtait : 5.000 x 28
/ 100 x 2 fr. 30 = 3.220 francs d'essence par mois.
"Mon camion LATIL à charbon me coûte, par jour : 1 litre
d'essence pour le démarrage, et 80 kilogrammes de charbon à
0 fr. 45 le kilogramme, c'est à dire, par jour : 38 fr. 30 et par
mois : 957 fr. 50 de combustible.
"L'économie de combustible est donc de : 3.220 francs - 957
fr. 50 = 2.262 fr. 50 par mois.
"Au lieu de payer la taxe au poids et à l'encombrement au
percepteur, comme avec le camion à essence, je donne cette somme
à mon chauffeur pour qu'il soigne bien le camion et le gazogène
(1.400 francs par an)
"J'économise donc, par an, plus de 27.000 francs sur le combustible
et, en plus, la taxe sur les transports privés qui, pour moi, se
monterait à 3.000 francs par an. Comme je connais les propriétaires
de camions à charbon de ma région, je leur vends de la braisette
et de l'anthracite et, là encore, je réalise un petit bénéfice."
LEGISLATION DES CAMIONS A CHARBON.
L'Etat,
pendant quelques années, donnait une somme assez importante aux
propriétaires de camions à gazogène qui maintenaient
en service leurs véhicules.
Cette prime a été supprimée et remplacée le
26 décembre 1934, par un avantage analogue :
Les camions fonctionnant à l'aide de moteurs à combustion
interne, alimentés par gazogènes, sont exonérés
de la taxe au poids et à l'encombrement. Le décret du 30
mai 1936 leur permet de charger une tonne de plus que les camions ordinaires.
Les papiers des Mines fournis avec les camions LATIL, et la carte grise
suffisent à justifier auprès du Service des Contributions,
le non-paiement de la taxe.
AU SERVICE DE LA TERRE DE FRANCE, LE TRACTEUR LATIL.
La pénurie d'animaux
de trait, la rareté des carburants liquides ont amené les
agriculteurs à intensifier l'emploi des tracteurs et à utiliser
le gaz pauvre pour les actionner. La Société LATIL avait
été un précurseur dans cette voie puisque, plusieurs
années avant la guerre, elle équipait ses camions et tracteurs
avec des moteurs spécialement étudiés et conçus
pour fonctionner au gaz pauvre et ayant, dans ce but, une cylindrée
beaucoup plus grande que celle des moteurs à essence ou à
huile lourde qu'elle construisait, par ailleurs, pour les mêmes
véhicules.
Le tracteur LATIL, à quatre roues motrices et directrices, à
usage agricole, forestier, colonial et routier, comptait déjà
avant 1939 un grand nombre d'exemplaires à gaz pauvre en service
tant en France qu'aux colonies et à l'étranger. Ce tracteur,
d'une conception très spéciale, se différencie des
tracteurs agricoles classiques à roues et à chenilles en
ce sens qu'il remplace, d'une part, les animaux de trait dans toutes leurs
utilisations et, d'autre part, le tracteur agricole proprement dit et
le camion routier:
La première application de ce tracteur à l'agriculture remonte
à 1925 et, déjà à cette époque, il
bénéficiait d'une expérience de plus de quinze années
dans la construction des tracteurs à quatre roues motrices crées
par Latil en 1912.
Le principe de l'appareil est le suivant : les quatre roues sont motrices
afin de réaliser, en toutes circonstances et en tous terrains,
l'adhérence maximum possible en fonction du poids de l'appareil
; les quatre roues sont garnies de pneumatiques spéciaux de grosse
section, à très basse pression, et pourvus de "sculptures"
importantes propres à réaliser l'"accrochage"
sur les sols plus ou moins inconsistants ; la pression au sol est de l'ordre
de 0 kg. 600 au centimètre carré ; la transmission comporte
trois vitesses dites "de champs" et trois vitesses échelonnées
de 2 à 50 kilomètres à l'heure.
Pour être apte aux grandes vitesses sur route et sur piste, le tracteur
comporte une suspension complète par longs ressorts et amortisseurs.
Des freins puissants agissant sur les quatre roues, une commande des freins
de la remorque par le conducteur du tracteur assurent la sécurité
aux grandes allures sur route et en descente. Les quatre roues sont directrices
pour obtenir un rayon de virage réduit ; tout le mécanisme
est surélevé au-dessus du sol de façon à réaliser
une très grande maniabilité et une aptitude au franchissement
des obstacles : talus, fossés, etc.
Des accessoires spéciaux peuvent être montés sur le
tracteur suivant les utilisations prévues : poulie pour actionner
batteuses et autres machines fixes, commande de moissonneuse-lieuse, cabestan
ou treuil pour la manoeuvre de force et travaux forestiers, etc.
Le moteur spécial à gaz pauvre est alimenté par un
gazogène polycombustibles, utilisant anthracite, charbon de bois,
semi-coke, ou par un gazogène à bois.
Le tracteur, pouvant toujours trouver sur place le combustible dont il
a besoin, convient ainsi particulièrement bien à la mise
en valeur des "pays neufs" où son rôle est considérable.
Les aptitudes très étendues du tracteur Latil peuvent se
résumer comme suit :
- Traction des charrues, machines aratoires et de récolte, de tous
genres, en tous terrains, même sur fortes rampes ;
- Transport des récoltes et engrais sur l'étendue de l'exploitation
et sur route, avec passage instantanné de la route au champ, et
inversement, en particulier pour le transport des betteraves des champs
à la sucrerie ;
- Commande de machines fixes ;
- Débardage en forêt et transport sur route des bois en grumes
et bois débités, par chargement de 10 à 15 tonnes
;
- Exploitation des carrières, travaux publics :
- Toutes manoeuvres de force et de levage par l'emploi de son treuil.
On pourrait citer d'autres usages auxquels ce tracteur universel se prête
dans l'industrie des transports, chemin de fer, ponts et chaussées
mais nous nous sommes bornés ici à énumérer
ceux qui intéressent les problèmes de la terre de France
et son empire.
(Article paru dans L'ILLUSTRATION du 26 juillet 1941)
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